mercredi 23 mai 2007

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mercredi 16 mai 2007

Ninon, le phoque gris

Oloron Sainte Marie, La Rochelle, résumé

Oloron Sainte-Marie, La Rochelle :
Du 11 avril 2007 au 27 avril 2007

450 kilomètres de voyage, en solitaire, sans assistance, sans rendez-vous, sans horaire, 120 kilomètres sur quatre rivières qui n’en font qu’une. 330 kilomètres sur un océan, ce serait un résumé simple mais pourtant cela ne fonctionne pas comme cela.

Bien que le départ officiel soit à Oloron-Sainte-Marie, nous partons vingt kilomètres en amont sur le gave d’Ossau, sur la rivière sauvage.
Nous, Oui nous sommes deux sur un canoë de forme indienne.
Hugo Desmaison, seize ans, m’accompagne jusqu'à Peyrehorade pendant trois jours.
Il vient découvrir la rivière et la vie outdoor, avant de m’accompagner cet été au Spitzberg en expédition. Les rapides et les barrages disparaissent derrière nous au fur et à mesure de notre progression. La tente, les duvets, la nourriture alourdissent notre Indio. La rivière est belle. Les décharges sauvages ont disparu. Malgré le mauvais temps nous nous sentons bien.

A Navarrenx, haut lieu de la pêche au saumon, j’ai un haut-le-cœur : la qualité de l’eau est médiocre pour la baignade. Il faudra encore faire des efforts pour que le gave d’Oloron retrouve sa pureté.
Sauveterre-de-Béarn est devant nous. Sa citadelle est imposante sur l’eau. Je parle à Hugo des radeleurs ces hommes qui jusqu’au milieu du XIXe siècle descendaient des troncs d’arbres jusqu’à Bayonne. Les Rafteurs d’aujourd’hui sont les héritiers de ces gens-là. Ils furent les premiers à aménager les cours d’eau pour naviguer.

Les Gaves Réunis : ici la marée se fait sentir pourtant l’océan est encore loin. Je laisse mon compagnon, charge mon kayak de mer un Iceflot et peu après rejoins l’Adour. Il devrait se jeter à Capbreton mais les hommes ont décidé de le dévier vers Bayonne au seizième siècle. J’arrive sous la pluie, dans le brouillard, avec l’obscurité qui m’entoure dans le port d’Anglet. On me prête un voilier pour dormir. Demain ce sera l’océan.
Mon cœur est un peu triste, Hugo n’est plus là.
Je n’ai pas trouvé Ninon un phoque gris que j’allais voir cet hiver dans l’estuaire.
Elle posait sa tête sur le kayak en mangeant ses anguilles. Ce voyage c’est un peu pour la retrouver. Sur un Océan immense c’est bien sûr improbable. Il y a aussi les cétacés prés du gouf de Capbreton. Durant tout l’hiver des corps sans vie s’échouent sur la côte. Moi, je voudrais les voir vivants.
Vieux- Boucau : je reste bloqué par la barre trop importante. L’océan ne veut pas de moi. Il faut attendre. Le doute s’installe, et si je reste bloqué pendant plusieurs jours ?
La plage, la dune, les pins, rien ne change durant tout mon périple. Le paysage n’évolue pas. Les hommes en sont absents. Je dors dans les dunes.
Mimizan marque le retour à la civilisation, avec le patron d’un hôtel qui m’invite, un restaurateur qui décide de faire exploser mon ventre au foie gras.
Le Centre d’Essai des Landes m’autorise à passer il faut atteindre Biscarosse en une étape, le brouillard m’entoure et je rame au compas.
A l’entrée du bassin d’Arcachon, Claude et ses amis de l’Ast Kayak, viennent à ma rencontre. Ils sont six, pas tous jeunes mais leurs yeux brillent. Le soir je leur présente mon petit film sur le Spitzberg.
Ils m’invitent à passer une journée de repos chez l’un deux. Je me retrouve avec FR3 et des journalistes qui désirent comprendre pourquoi je fais ça. Je voudrais leur dire que c’est juste pour mon plaisir, mais il faut argumenter, plaisir de la découverte, envie d’être en communion avec les éléments, Ninon, Hugo, les cétacés, tout y passe et puis aussi et surtout parce que l’aventure commence quand on franchit le pas de la porte.

Les amis m’accompagnent jusqu’au Cap-Ferret. Et puis de nouveau c‘est la dune et l’absence d’humain. Pourtant ils sont là, du moins leurs déchets, pas un endroit où je ne débarque sans trouver des plastiques, du verre. Je n’ose pas penser à ce qu’il y a sous l’eau et dans l’eau. Tous les soirs je suis obligé de nettoyer pour pouvoir planter ma tente.
Je n’ai jamais rencontré personne me disant qu’il est responsable ; étonnant !

L’estuaire de la Gironde et le phare de Cordouan. A gauche l’Amérique, derrière dix kilomètres d’eau, à droite des brisants, devant des vagues hautes comme des maisons et le banc de la Mauvaise qui m’attendent ; du grand kayak, du beau kayak, suivre le rythme des vagues, passer dans les chenaux entre les vagues, mettre mon instinct dans la partie et ça marche, J’arrive sur la rive fatigué les cheveux secs.

Le lendemain c’est un petit piége qui m’attend je me sers d’une baïne pour sortir du banc de la Mauvaise. Malheureusement à son extrémité la barre est trop importante.
Je me retrouve sur la plage tirant mon kayak. Dix kilomètres me séparent de l’île d’Oléron, Quatre heures plus tard j’arrive à embarquer et à franchir la barre dans de bonnes conditions de sécurité. Je pars au large pour éviter les rouleaux.

L’île d’Oléron apparaît je cherche la passe de Maumusson et de nouveau je suis dans de très grandes vagues. Je file avec elles, elles m’emportent vers la côte.
Cette passe est évitée par les marins. Moi j’y fonce et enfin c’est l’accalmie. Je suis dans la baie. Il n’y aura plus de grandes vagues. Je trouve un hôtel où l’on me fait un superbe accueil. Demain c’est la fin.

Le brouillard ne veut pas partir. Depuis le pont d’Oléron je ne vois rien à part mon compas. Durant 5 heures je navigue au cap. C’est la bonne direction mais où suis-je ? Aucune terre n’est visible, pas de fort Boyard, pas d’île d’Aix, pas de côte.
Moment d’incertitude où il faut continuer. Deux tours apparaissent : c’est l’île d’Aix. Je me restaure et me détends un peu. Je change mon cap direction nord-est.
Erreur volontaire pour éviter de rater la Rochelle, et retrouver la sécurité de la côte. Tout mon corps me fait mal mais Claude et Odette m’attendent pour me ramener à Arcachon. Je rejoins une falaise. Un pêcheur en Zodiac est là. Je l’interpelle :“Où est la Rochelle s’il vous plait ? A deux miles.“
Trois kilomètres et c’est fini, je n’avais qu’une envie m’arrêter. Quelques forces reviennent. J’appelle Claude, Radio Oloron avec mon portable, pour annoncer mon arrivée, c’est fini. Maintenant ce sera le Spitzberg, avant d’autres projets.

lundi 14 mai 2007


Vous aimez Gérard le voyageur sans histoires ? retrouvez le sur mon autre blog. le lien est à droite.

jeudi 10 mai 2007

Gerard le voyageur sans histoire (1)

Cette histoire
qui a commencé dans un décathlon du sud de la France sous les yeux du chef de rayon qui continue dans une petite maison d’un petit village des Pyrénées espagnole
et qui finira-je ne sais où,
est dédié aux amants de la vie
qui ont croisé mon chemin
tout au long de ces années.


Historiette N°1 L’homme du désert :

Un homme marche. Il passe d'une tache de lumière, à une tache d'ombre. Les traces de ses pieds s’effacent lentement balayés par le vent. Le soleil se lève, les ombres sont longues. A petit pas, il marche, s'éloignant peu à peu. Il se fond dans l'espace montant vers un sommet qui n'existe pas.
Son cœur bat ; thum, thum, thum. Il résonne en lui.
L'air lui manque. Ses pieds nus s'enfoncent dans le sol mouvant.
Silence, silence : le marcheur écoute son cœur.
Les couleurs de son univers sont orange, bleu et ombre, pas de nuage à l’horizon.
Ses jambes fléchissent sous l’effort. Comme de l’eau la substance orange passe sous ses ongles. Sa salive s’assèche, des particules pénètrent dans sa gorge. Sa sueur n'est plus que solide. Le souffle court, il s'arrête. Autour de lui il n'y a plus que le vide.
Ce vide envoûtant qui vous écrase qui vous piétine. Il tend son oreille. Il n’y a plus de son.
Il s’abandonne, ce repli sur lui-même, se couche et attend.
Le sable se répand sur son corps. Doucement son aspect change, il disparaît, son être devient poussière. Il s’efface, sans laisser de traces. Sa main se lève vers le ciel. Lentement il redescend son bras et l’enfouit. Il a disparu de la surface.
Ses yeux indigo s'ouvrent. Il sent son corps se charger d'énergie.
Sa mâchoire bouge, un sourire cristallin illumine son visage. Il se met à rire, crachant du sable il se relève et se met à danser. Il est juste heureux. Lentement il fait demi-tour et essaye de retrouver ses traces. Le vent s’est levé et a effacé ses pas.
L’homme a tellement marché que son chemin n'existe plus. Il s’est égaré.
Il hurle car son chemin s'arrête là.

Les étoiles brillent dans un ciel bleu nuit, quelques chauves souris volent à la poursuite d’insectes. Un rayon de lune traverse une fenêtre, éclairant une chambre chaque fois que l’air fait voleter le rideau. Les murs sont de couleurs crème, un vieux ventilateur tourne.
Il couine doucement usé par les années.
Je transpire et remue dans mon sommeil. Je lève mon bras, la main ouverte. Mes yeux s’entrouvrent. Lentement je me tourne de l’autre coté, un sourire aux lèvres.

Un rouge-gorge haut dans le ciel pique vers lui. Une fleur dans le bec, il volette de dune en dune. Les yeux indigo ne le quittent plus et mécaniquement les pieds reprennent leur chemin un pas après l’autre. La trace s’allonge. Dans un rayon de soleil l’oiseau disparaît.

Je souris dans mon sommeil, doucement je passe ma main sur mon visage.

Les ombres raccourcissent, une fleur est sur une dune. Une main se penche et la ramasse.
A travers son regard on ne voit plus d’hésitation, cette fleur, cette petite fleur est une trace de vie si grande ici que l’espoir rafraîchit son cœur sous ce soleil de plomb.
Il marche toute la journée le soleil frappe durement ce visage. Assoiffé, il s’arrête.
A l'aide de son Laguiole multifonctions, il se tranche une veine pour boire son sang. La nuit tombe, la croix du Sud illumine le désert. Il s'aperçoit qu'il a marché dans le mauvais sens et qu’il s’est enfoncé dans le désert. Epuisé, il tombe à genou et s’endort.